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Esprit Libre

Pierrick Bourgault : « Un bistrot, c'est une société »

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Originaire de Mayenne et auteur d'une cinquantaine d'ouvrages liés aux thématiques agricoles et artisanales, Pierrick Bourgault signe Voyage dans les bistrots de l'Ouest. À l'heure de la numérisation et de la globalisation, un hommage en texte et en images à la relation vraie. Une invitation à sauver et réinventer nos bistrots.

Comment est née l'idée de ce livre ?

J'ai une histoire personnelle avec les bistrots, liée à la figure de mon grand-père, mutilé de la Grande Guerre, qui a tenu le café Bourgault à Saint-Fraimbault-de-Prières. J'y ai perçu tôt leur rôle social évident. J'en ai côtoyé un certain nombre, au gré de mes déplacements, dont une bonne part sont évoqués dans ce livre. Je l'ai proposé aux éditions Ouest France, sous forme de voyage, diffusé en livre et en feuilleton.

Le sujet peut sembler anodin...

Il ne l'est pas ! Il y avait 500 000 bistrots en France il y a un siècle. Il en reste à peine 30 000 aujourd'hui. Sur la quarantaine de cafés évoqués dans l'ouvrage, une vingtaine a fermé. Qui les connaît et s'en soucie ? Ils n'étaient pas répertoriés sur Wikipédia mais ils jouissaient d'une vraie notoriété micro-locale. Ce livre leur rend hommage. Il souligne la personnalité attachante et la grande abnégation de celui ou celle qui tient le comptoir et permet aux habitants de se retrouver, d'écouter, de parler. Sans compter les multiples services rendus sur place. Un café, c'est l'âme d'une commune, mais aussi son couteau suisse !

Les bistrots mayennais tiennent une place particulière dans votre ouvrage.

J'évoque une dizaine de bistrots mayennais, sur quarante adresses de l'Ouest. Du nord au sud, j'y ai rencontré des personnes inoubliables. Seul le Pub à Victor, à Lassay-les-Châteaux, est encore ouvert. Mais le livre fait revivre le café Guibé de Pré-en-Pail et sa guérisseuse, le café de mon grand-père à Saint- Fraimbault, L'homme vert à Saint-Pierre- sur-Orthe ouvert par une anglaise et réputé pour ses bœufs musicaux. Il nous transporte chez Annie à Saint- Berthevin, dans un petit café asphyxié par le changement de tracé de la route...

Vous mettez en avant la grande utilité de ces lieux en voie de disparition. 

L'éclosion des distributeurs automatiques, le virtuel, la numérisation galopante et les effets de la crise sanitaire soumettent les populations à un risque accru de solitude. Un bistrot, c'est une société où se vit la relation simple et vraie. On y rencontre le monde à la hauteur des yeux, du comptoir et du cœur. Je ne reste pas dans la nostalgie des personnes et des lieux disparus... J'évoque aussi des lieux ouverts, des histoires naissantes et des formules à l'essai, comme les cafés associatifs et les cafés communaux. Cet ouvrage peut contribuer à une prise de conscience.

 


 

 

Type éditorial