Vocation, passion, engagement volontaire, professionnel... Aussi variés que les profils qui composent le corps des sapeurs-pompiers, les mots sont légion pour décrire leur parcours. Leur engagement sans faille, leur altruisme et leurs compétences multiples méritent un hommage appuyé, à l'heure où ce corps indispensable à la société veut insuffler un renouveau des vocations. Les femmes y ont toute leur place et tiennent ici la bannière pour que le sens et la beauté de l'engagement inspirent la nouvelle génération.
La plus expérimentée est récemment médaillée pour trente années de bons et loyaux services (dont 27 en tant que professionnelle) et totalise 23 années d'engagement opérationnel au centre de secours principal de Laval. La seconde, de 28 ans sa cadette, entame à 24 ans sa troisième année de volontariat. Si la forme et la durée de leur investissement diffèrent, l'essentiel les unit sur le fond : mues par le désir d'aider leur prochain et par un sens profond du devoir, Christelle Guegou et Adèle Verdière se projettent au-delà des aspects purement techniques de leur action (par ailleurs passionnants). Sapeur-pompier est une vocation à visage humain, sans doute le plus humain qui soit quand il s'agit d'affronter imprévus, drames et dangers pour porter secours et assistance. Vu de l'extérieur, nous parlons d'abnégation et de courage. Vu de l'intérieur, l'adjudant Christelle Guegou et l'équipière deuxième classe Adèle Verdière évoquent un élan intime, qu'elles ne peuvent renier.
Servir, secourir
La comparaison s'arrête là, pour donner droit à l'unicité de chaque parcours. Ce qui en fait l'intérêt et la valeur ! Le corps des sapeurs-pompiers n'était pas une option identifiée, au départ, pour Christelle. Elle voulait être infirmière pour prendre soin des autres. Mais le sort a été taquin pour l'étudiante en sociologie à Rennes : un concours d'infirmière validé une année mais un échec au bac, puis un bac empoché l'année suivante mais un faux pas au concours... Les planètes ne se sont pas alignées, mais la détermination se manifeste souvent dans la faculté d'adaptation. Devenue volontaire de la Protection Civile, Christelle se forme au monitorat. En 1991, elle devient sapeur- pompier volontaire, engagement qu'elle cumule avec des études à Rennes et un emploi de surveillante en établissement scolaire à Pléneuf-Val-André. Deux ans plus tard, elle figure parmi les 150 candidats retenus (sur 2 000) au concours des sapeurs-pompiers professionnels, dont elle devient la première recrue féminine dans les Côtes d'Armor, à Saint-Brieuc. Son arrivée à Laval remonte à 1995. elle a 27 ans et débute par trois années au centre de traitement des appels. En 1998, elle bascule dans l'opérationnel, route du bois de l'Huisserie à laval. Aujourd'hui adjudant et chef d'agrès tout engin, elle cumule expérience et capacités techniques au service des Mayennais
Une aspiration de jeunesse
Adèle Verdière a également eu son compte de désillusions. Mais, accrocheuse, elle a accompli un parcours à sa mesure, compilant un emploi d'ambulancière à temps plein et un engagement de sapeur- pompier volontaire, équipière au centre de secours de Sainte- Suzanne. Sa jeunesse au Genest- Saint-Isle, trop éloigné du centre de secours de Saint-Berthevin, ne lui a pas permis de s'engager comme volontaire chez les sapeurs-pompiers aussi tôt qu'elle l'aurait souhaité. Son objectif de volontariat tarde à se concrétiser. Une première contrariété survient, doublée d'une seconde, quand les suites d'une rupture des ligaments croisés la bloquent au stade de la visite médicale, après son succès au concours des gendarmes adjoints volontaires. Son objectif professionnel devient inaccessible. Mais, opiniâtre, la jeune femme recherche une nouvelle voie cohérente avec ses aspirations : elle sera ambulancière et sapeur-pompier volontaire, sa mobilité géographique le permettant, enfin.
L'avenir en bleu
Dire qu'un feu sacré anime les deux engagées n'est pas un simple jeu de mots. Aucun regret pour Christelle Guegou qui ne verrait plus sa vie professionnelle ailleurs : « Ce métier réserve des journées inattendues, qui font passer du rire aux larmes. J'ai contribué à sept naissances et déploré des morts sans nombre. Mais en toutes circonstances, j'ai gardé et je garderai ce goût de l'action et, par-dessus tout, ces rôles d'écoute et de réconfort qui font l'âme de notre travail ». Pour Adèle Verdière, l'esprit de corps, la discipline et les cérémonies sont autant d'attraits pour le long terme. Sans compter l'aventure : « Ce bip qui sonne, c'est l'inattendu qui survient, l'adrénaline qui monte et l'appel du service. Je ne pense pas pouvoir m'en passer. Je vois cet engagement dans la durée, pour gravir progressivement les échelons. »