Avec un taux de chômage de moins de 5 % depuis l'automne 2022, la Mayenne fait partie des départements français où le taux de chômage est le plus bas. Elle occupe le 2e rang national, en compagnie de la Lozère et juste derrière le Cantal. Revers de la médaille, ces excellents résultats génèrent des tensions sur le marché du travail et compliquent le recrutement ou la fidélisation du personnel. Dans le secteur privé, l'actualité regorge de témoignages d'artisans, de patrons de PME n'arrivant pas à pourvoir leurs postes vacants. Le secteur public n'est pas épargné. Dans ce contexte concurrentiel, le Département de la Mayenne tire son épingle du jeu. Inclusion, égalité hommes/femmes, télétravail, apprentissage, marque employeur, communication, mobilité interne, qualité de vie et conditions de travail, la collectivité déploie ses multiples atouts pour renforcer son attractivité et son exemplarité en matière de ressources humaines.
Le 15 janvier dernier, près de 1 000 agents du Département avaient rejoint Espace Mayenne pour la traditionnelle cérémonie des vœux au personnel. Ce moment de convivialité, en présence des élus, est une façon agréable d’ouvrir l’année et pour beaucoup d’échanger avec les collègues venus des quatre coins de la Mayenne et de tous les services et directions. Le Conseil départemental de la Mayenne est l’un des premiers employeurs publics du département. Aujourd’hui, quelque 1 260 agents permanents (titulaires, contractuels) œuvrent avec dévouement et expérience dans l’intérêt des usagers, un chiffre qui grimpe à 1 600 si l’on tient compte des assistants familiaux (245) et des vacataires en CDD, apprentis et agents en contrats aidés. En 2022, le taux de rotation (renouvellement du personnel) au sein de la collectivité avoisinait les 11 % (8,2 pour les seuls agents titulaires), un ratio jugé satisfaisant si l’on se réfère aux études de l’Insee qui estiment qu’un taux de rotation sous les 5 % peut révéler un essoufflement, synonyme de routine et d’ennui, d’absence de créativité et d’innovation. À l’inverse, un taux de rotation est considéré élevé au-dessus de 15 %, taux qu’il faut également analyser en fonction des motifs de départ par exemple (nombre de départs en retraite important...).
Comme le détaille Philippe Huet, directeur des ressources humaines au Conseil départemental : « Le Département s’est fixé deux objectifs principaux en matière de ressources humaines. Le premier vise à rendre notre collectivité toujours plus attractive aux yeux des candidats à la recherche d’un emploi. Nous devons donner l’envie de nous rejoindre ». En 2022, quelque 3 778 candidatures ont été adressées au Conseil départemental, en progression de 7 %. Le second objectif découle du premier : « une fois intégré à notre collectivité, il nous faut leur donner l’envie d’y rester et de s’y investir pleinement », ajoute Philippe Huet.
Toujours plus d’apprentis accueillis
Pour attirer, il faut d’abord se faire connaître, et notamment auprès des jeunes : « Nous avons repéré un déficit de connaissance d’une part, de notre collectivité, d’autre part, des nombreux métiers qu’elle propose, près de 180 différents. En effet, un Département a cette particularité de proposer un panel de fonctions très éclectique : sage-femme, employé administratif (assistant, gestionnaire...), assistant social, chargé de communication, archéologue, vétérinaire... C’est pourquoi, nous conduisons une politique volontariste en direction des jeunes pour qu’ils soient informés de nos opportunités », précise Philippe Huet. S’agissant de l’intégration de ces jeunes, le Département prouve son dynamisme et son attractivité en augmentant le nombre d’apprentis chaque année. Il en avait accueilli 16 en 2021, 32 en 2022 et en septembre 2023, ce sont 40 apprentis qui sont arrivés pour se former aux divers métiers proposés par la collectivité. Le nombre de stagiaires école progresse également avec l’accueil de 231 jeunes en 2022 contre 226 en 2021. Pour toucher un plus large public, le Département participe à des opérations de recrutement (May Job Tour, Big Bang de l’emploi), à des salons professionnels ou forums de l’orientation. Il est également très actif sur LinkedIn, un réseau social professionnel très prisé des jeunes diplômés, avec 7 448 abonnés, dont 2 800 nouveaux abonnés au cours de la dernière année.
Si le Conseil départemental affiche une politique volontariste en faveur du recrutement des jeunes, c’est également le cas en direction des personnes en situation de handicap. Pour rappel, le Département s’est engagé dès 2016 en faveur de l’insertion et du maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap par le biais d’une convention de partenariat avec le Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP). Cette convention prévoit notamment de recruter des bénéficiaires de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (BOETH), un dispositif national incitant les employeurs privés et publics à embaucher des travailleurs handicapés. Elle favorise le reclassement et la reconversion des personnes déclarées inaptes ou encore le maintien dans l’emploi des agents en situation de handicap ou ayant une problématique de santé au travail. L’ensemble de ces actions ont permis d’atteindre, au 31 décembre 2022, le nombre de 100 BOETH contre 86 au 31 décembre 2021, le taux d’emploi de ces personnes passant ainsi de 5,76 % à 6,64 %.
Formation, télétravail, mobilité interne
Pour fidéliser les agents qui ont rejoint la collectivité départementale, le Conseil départemental s’attache à favoriser les évolutions de carrière, l’enrichissement des parcours et la qualité de vie au travail. S’agissant de la formation professionnelle : « En 2022, ce sont plus de 84 % des agents qui ont participé à au moins une action de formation. Quelque 7 440 jours de formation ont été suivis, soit une progression de 21 % par rapport à 2021 », précise le directeur des ressources humaines. La collectivité encourage également la mobilité interne. Près de 140 agents ont bénéficié en 2022 de ce dispositif qui permet de demeurer au sein de la collectivité, mais de travailler dans un autre service ou sur un autre poste, notamment après avoir suivi une formation. L’explosion du télétravail est l’un des changements les plus spectaculaires que la crise sanitaire a engendré dans le monde professionnel. Comme beaucoup de collectivités territoriales, le Conseil départemental a accompagné ce phénomène en répondant à une demande exponentielle. Avant la crise de la covid, le dispositif ayant été lancé en septembre 2017, environ une centaine d’agents a a bénéficié d’une à deux journées de télétravail. Ils sont aujourd’hui plus de 550 : « Le télétravail permet aux agents de mieux concilier vie professionnelle et vie privée. Il modernise l’organisation du travail et participe également à réduire l’empreinte écologique liée aux déplacements pendulaires », rappelle Philippe Huet. Pour les agents dont la nature du poste ne permet pas de télétravailler, la collectivité leur propose désormais 12 jours flottants qui peuvent être pris quand ils ont des tâches administratives à effectuer par exemple. La notion de service public chevillée au corps, les agents assument le rôle pivot endossé par le Département dans l’action publique territoriale de proximité et participent à faire de la Mayenne un département contribuent, audacieux et reconnu pour sa qualité de vie.
Égalité entre femmes et hommes : une priorité
Du 6 au 10 novembre dernier, le Conseil départemental organisait une semaine d’animations sur le thème de l’égalité femmes-hommes. L’idée de cette semaine de sensibilisation est née lors d’un hackathon organisé en novembre 2022, avec l’objectif de sensibiliser sur un sujet qui nécessite encore d'être abordé. Lors de ce hackathon, d’autres réflexions avaient servi de base à l’élaboration du deuxième plan d’actions ressources humaines pour les années 2023-2025. Au menu de cette semaine entre autres, des petits- déjeuners animés, un théâtre-forum, un atelier d’entraînement à la négociation lors d’un entretien d’embauche, la création d’un logo. Cette semaine fut également l’occasion de présenter des vidéos tournées avec des agents. Ces petites pastilles humoristiques se moquent des préjugés entourant certaines professions qui seraient nécessairement genrées. Les rôles sont inversés et les travers dénoncés. Les vidéos rappellent aussi que l’on recrute avant tout sur des compétences et non un statut. Le Département a adopté dès 2019 un plan égalité femmes-hommes qui inscrit l’égalité entre les femmes et les hommes dans les politiques qu’il porte vis-à-vis de ses usagers, mais également en tant qu’employeur vis-à-vis de ses agents. Illustration de cet engagement, le Conseil départemental est devenu lauréat du premier appel à projets égalité femmes/ hommes organisé par le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques en 2022, une reconnaissance nationale.
Nicole Bouillon (présidente) et Dominique de Valicourt (vice-présidente), de la commission administration générale, finances et ressources humaines.
« Le Conseil départemental a souhaité, dans la dynamique du premier plan initié en 2017, construire un deuxième Plan de développement des ressources humaines pour la période 2023 – 2028. Ce document s’inscrit dans la démarche du PAD (Plan des agents départementaux) et a notamment l'ambition d’être un Département solidaire, à l’écoute des agents, qui traite du cadre de travail, du soutien et de l’accompagnement aux agents ainsi que du collectif de travail », indique Nicole Bouillon. « Le Département emploie plus de 1 200 agents permanents et 245 assistants familiaux au bénéfice desquels il déploie une politique ressources humaines riche dans de nombreux domaines : attractivité, recrutement, accueil des nouveaux arrivants, gestion de la carrière et de la paie, formation, gestion prévisionnelle des emplois et compétences, prévention, actions en matière de promotions de l’égalité entres les femmes et les hommes et de l’emploi des personnes reconnues travailleurs handicapés, communication interne et managériale », ajoute Dominique de Valicourt.