Véritable colonne vertébrale touristique du département, le chemin de halage étire sur 85 km ses beautés paysagères et patrimoniales. Son cadre paisible incite à prendre son temps et invite à la flânerie contemplative. S’il est, pour les touristes, une façon agréable de découvrir la Mayenne et sa nature étonnante, il est également une voie très prisée des Mayennais et Mayennaises.
On y entretient sa forme et on y randonne, à vélo, à pied ou à cheval, on y digère le repas dominical en bavardant, on y installe ses cannes à pêche et la toile de tente pour les carpistes nocturnes, on s’y rend au restaurant, on s’y mesure lors de compétitions sportives, on y apprécie des expositions d’oeuvres d’art, on y photographie la faune et la flore et on peut même simplement goûter le plaisir de se trouver en ce lieu… Bref, le chemin de halage est une mine de propositions à ciel ouvert !
210 mètres, soit le dénivelé positif entre Daon et Mayenne.
131 kilomètres, soit la longueur totale du chemin de halage qui continue jusqu’au nord d’Angers.
2001, année de l’ouverture totale des 85 km de chemin de halage en Mayenne.
L’été revient, débonnaire, j’irai bien divaguer prendre l’air », chante le groupe Archimède. Quoi de mieux, en effet, que de prendre l’air au bord de l’eau et regarder les bateaux tracer des sillages depuis le chemin de halage. Avant tout, commençons par une précision étymologique. Le terme « halage » est issu du verbe haler, qui signifie tirer, remorquer à l’aide d’un cordage ou d’un câble. Comme nous l’enseignent les livres d’histoire, avant d’être ce joyau touristique, la rivière Mayenne fut un axe économique important du territoire. Jadis, des péniches en remontaient le cours, faisant le commerce de bois, d’huile ou de sable de Loire et le descendant en transportant du cidre, des céréales ou des toiles de lin ou de chanvre. Ces embarcations étaient tirées par des chevaux ou des mariniers, depuis le chemin bordant la rivière. Ainsi a été façonné, au fil des ans, le chemin de halage de la Mayenne.
Un attrait touristique
Désormais, le chemin de halage est l’une des plus belles voies vertes de France, un véritable parc naturel, espace de randonnée et de découverte ludique et pédagogique, mis en valeur par un ensemble d’aménagements entrepris par le Conseil départemental. C’est sans doute le moyen le plus simple et le plus authentique de pénétrer au coeur du département. Depuis une quinzaine d’années, le boom du vélotourisme entraînant la création de voies vertes, à l’instar de la Vélo Francette qui, depuis 2015, relie Caen (Calvados) à La Rochelle (Charente-Maritime), a fait entrer le chemin de halage dans une autre dimension touristique.
Sur les 630 km de la Vélo Francette, les cyclotouristes, une fois arrivés en Mayenne, découvrent avec bonheur qu’ils rouleront exclusivement (hormis quelques courtes transitions dans les villes) sur des voies vertes, anciennes voies de chemin de fer et chemin de halage. Au fil de leur escapade, des propositions touristiques jalonnent leur itinéraire. En effet, le Département, propriétaire de 36 des 37 maisons éclusières, s’attache, depuis plusieurs années, à donner une seconde vie à celles-ci afin d’animer le halage et d’accroître le tourisme. Il lance régulièrement des appels à projets sur ces maisons éclusières afin de présenter, aux Mayennais et aux touristes, une offre diversifiée d’activités et de services le long de la rivière. Restauration, hébergement, gîtes, activités associatives, culturelles, épiceries ou encore des ateliers plus originaux avec des artisans spécialisés comme une coutellerie (écluse de Neuville à La Roche-Neuville) et un facteur d’accordéons (écluse de Mirwault à Château-Gontier-sur-Mayenne).
En mai dernier, la maison éclusière de la Fourmondière inférieure, plus connue sous le nom de Guinguette de Montflours, a rouvert ses portes. Thomas Freneau propose une formule de restauration complétée par une offre de snacking. Le site est ouvert jusqu’à fin septembre du mardi au dimanche midi et le jeudi, vendredi et samedi soir jusqu’à 22h. Plus au sud, à Origné, le chef Patrice Lenoir est à la tête de L’Écluserie, un restaurant installé dans la maison éclusière de La Benâtre. Il donne la part belle aux produits locaux et de saison.
Touristes et cyclotouristes (label accueil Vélo) pourront se rafraîchir autour d’un verre, profiter de gîtes à l'écluse de Belle Poule (Changé) et se ressourcer dans les Refuges du halage situés aux écluses du Port de Sacé, de la Richardière et de la Fourmondière supérieure (Montflours). Axe central du département, le chemin de halage offre aussi une succession d’échappatoires touristiques facilement accessibles de part et d’autre de la rivière, à commencer par les trois grandes agglomérations du département, Mayenne, Laval et Château-Gontier-sur- Mayenne et quelques châteaux ouverts à la visite.
Un écrin écologique
Le Conseil départemental vient de mettre à disposition du public une brochure de 40 pages (disponible sur lamayenne.fr et dans les accueils touristiques) qui décrit, en détail, toute la faune et la flore que l’on peut observer en se promenant sur le halage. La rivière Mayenne, espace naturel sensible géré par le
Département, et son halage foisonnent d’une riche biodiversité. Le chemin est ponctué de panneaux explicatifs qui renseignent le promeneur sur la faune et la flore avoisinantes et sensibilisent à la préservation de ce site remarquable. Les services du Département veillent sans relâche à maintenir une
végétation et une rivière de qualité.
Le Département entreprend notamment de restaurer la ripisylve, autrement dit les arbres et autres végétations observés le long des berges et des rives. Cet entretien vise à préserver l’écosystème et à garantir la sécurité des promeneurs en éliminant les arbres présentant des risques. Aulne glutineux, osier des vanniers, saule blanc, frêne commun font partie des arbres rencontrés sur le halage. S’agissant des plantes, la liste est plus étoffée, mais ceux qui ont quelques notions de botanique reconnaîtront sans difficulté la salicaire, l’iris jaune ou la cardamine des prés. En contrebas du halage, sous l’eau, brochets, sandres et carpes feront le bonheur des pêcheurs, tandis que les plus observateurs ou chanceux croiseront peut-être un martin-pêcheur, une couleuvre helvétique ou une bergeronnette des ruisseaux.
Sport et détente
Le 29 septembre prochain, des milliers de joggeurs se retrouveront sur le chemin de halage lors de la 29e édition du Marathon des Écluses ! Les participants s’élanceront depuis Martigné-sur-Mayenne direction Commer, puis, au 14e kilomètre, ils bifurqueront sur le halage pour longer la Mayenne jusqu’à l’arrivée, square de Boston à Laval. Un semi-marathon au départ de la halte fluviale de Montgiroux et un 10 km au départ de Changé compléteront l’offre sportive.
Le chemin de halage se prête idéalement à ce type d’événements rassembleurs, comme ce fut le cas le 14 juillet 2016 où l’on avait déployé la plus longue
nappe du monde (20,4 km !) pour un pique-nique géant au bord de l’eau. Plus récemment, de valeureux sportifs ont bouclé les 85 km de halage lors d’un
ultra-trail, de Daon à Mayenne ! On le voit à travers tous ces rendez-vous, des milliers de sportifs ou de gastronomes mayennais s’emparent avec jubilation
du halage. Des milliers qui deviennent des dizaines de milliers, sans doute plus, à emprunter toute l’année une portion de chemin de halage, ne serait-ce
que quelques centaines de mètres, un petit aller-retour, histoire de se dégourdir les jambes et de profiter du paysage.
En chemin…
- Le chemin de halage fait l’objet d’entretiens réguliers de la part du Conseil départemental. Les conditions météorologiques, notamment la pluie (crue), le mettent à rude épreuve. Et la Mayenne a été largement arrosée au printemps. Il faut donc régulièrement procéder à des travaux de sablage pour le rendre toujours praticable.
- Le Département a installé trois bornes d’informations touristiques connectées le long du tracé de la Vélo Francette à Ambrières-les-Vallées (en amont du halage) et Ménil, qui sont les entrées du territoire, et une troisième à Saint-Jean-sur-Mayenne qui constitue une connexion avec la voie verte Mayenne – La Chapelle-Anthenaise.
- Entre Mayenne et Laval, le chemin de halage se situe sur la rive gauche de la Mayenne. Il bascule rive droite, à Laval, au niveau du Vieux Pont.
- Entre Ménil et Daon, le chemin de halage s’est paré d’oeuvres artistiques immersives : les Nid’Obs. Elles invitent les promeneurs à pied, à vélo ou à cheval à poser un autre regard sur l’espace naturel de la rivière. Ce projet d’art visuel a été réalisé par le duo d’artistes-paysagistes concepteurs Mylène Duhail et Romain Goiset de l’atelier de paysages Ubinam.
- Depuis le halage, si vous observez la jussie rampante, une plante exotique envahissante sur la Mayenne, alertez le Conseil départemental à milieux@lamayenne.fr. Le signalement doit préciser la date de l’observation, le nom de l’espèce supposée avec photos et la localisation précise.
« Le 30 mai dernier, l’ancien ministre Éric Woerth a remis un rapport au président de la République dans lequel il préconise, notamment, de redéfinir certaines compétences des Conseils départementaux, comme le tourisme qui pourrait rejoindre le giron de la Région. Cette proposition est inacceptable ! Qui d'autre que les Départements est le mieux à même de gérer cette compétence touristique ? Si, demain, la stratégie touristique est pilotée depuis Nantes, je crains que notre belle Mayenne, qui a tant de richesses à proposer mais dont le poids de l’économie touristique pèse peu dans l’activité totale, ne soit reléguée loin derrière des mastodontes du secteur que sont la Vendée ou la Loire- Atlantique. Notre tourisme n’est pas un tourisme de masse et il a un besoin impérieux de décisionnaires locaux qui disposent d’une connaissance fine du territoire, en capacité d’accompagner au quotidien les professionnels du tourisme, les collectivités locales et de mettre en avant nos atouts. La valorisation de l’identité touristique, c’est la valorisation de tout notre territoire
mayennais et de son identité. C’est un outil d’attractivité qui doit rester en proximité au Département. Confier la compétence à la Région, c’est perdre cette proximité. L’identité même des départements en serait alors affectée. »
Joël Balandraud,
président de la Commission attractivité au Conseil départemental et de Mayenne Tourisme