Il y a 1 an, le Conseil départemental de la Mayenne inaugurait le contournement ouest de Cossé-le-Vivien en présence des élus.
Dès le démarrage des études de ce projet d’envergure, l’environnement naturel et humain a été pris en compte. Accompagné par un bureau d’études, le Département a mis en place de nombreux aménagements : plantation de haies, installation de gîtes artificiels pour les chauves-souris et de nichoirs pour les oiseaux, création de zones humides, de bassins routiers et de 6 km de voies douces…
Retour sur l’inauguration
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15 septembre 2022 - Mise en service du contournement ouest
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3 novembre 2022 - Mise en service du barreau nord-est
- 25 novembre 2022 - Inauguration en présence des élus
Rétrospective : les grandes dates de l’aménagement
Avant d’entrer dans la phase opérationnelle, les études et procédures réglementaires d’un projet d’infrastructure durent plusieurs années. Pour le contournement de Cossé-le-Vivien, réalisé par le Conseil départemental de la Mayenne, il s’est écoulé 10 années entre les expertises de terrain en 2010 et le démarrage des travaux en juillet 2020.
Une dimension environnementale dès le démarrage des études
Interview de Damien IVANEZ, écologue à Seged Environnement
Quel a été votre rôle dans le cadre du contournement routier de Cossé-le-Vivien ?
« Pour compenser certains impacts de la nouvelle route, le Conseil départemental était tenu de mettre en place des mesures compensatoires prenant en compte des sensibilités environnementales. Mon rôle est de veiller aux respects des engagements du Département pendant et après les travaux.
Concrètement, pendant les travaux, mes collègues et moi passions une fois par semaine pour veiller à l’application des prescriptions environnementales sur le chantier : respect des emprises, vérifier que les produits potentiellement polluant soient bien rangés…
Nous accompagnons également les équipes du Département sur la réalisation des mesures compensatoires : comment créer une mare, comment gérer une prairie humide, comment tailler des arbres en têtard pour qu’ils soient favorables au grand capricorne, un insecte protégé dont la larve se développe dans les vieux chênes…
J’ai aussi donné des conseils pour la conservation des arbres. Par exemple, un gros chêne qui doit avoir 150 à 200 ans, se trouve à proximité du barreau nord-est. Le but était de le protéger. Un expert est venu le remettre en état, couper les branches qui pouvaient se briser et le déséquilibrer. »
Quelles principales mesures environnementales ont été mises en place pour ce projet ?
« Les principales mesures mises en place par le Conseil départemental sont la restauration de 2 grandes zones humides, la création d’une frayère, la réalisation d’une mare et la restauration d’une autre.
Au niveau du barreau nord-ouest, à côté du bassin d’assainissement routier, une mare existait. Suite à mes préconisations auprès du Département, elle a été restaurée. Au même endroit, se trouve une zone humide de compensation d’environ 1 500m2 . En effet, pour faire passer la route, le Département a dû remblayer de la zone humide, il fallait donc compenser par la restauration d’une nouvelle. La végétation y pousse bien. On y trouve notamment des joncs, des épilobes et des salicaires. Un ouvrage hydraulique a aussi été créé pour rétablir la circulation de l’eau. Il est dimensionné en fonction des crues connues dans l’historique du cours d’eau. La particularité de l’ouvrage est qu’il est équipé de 2 niveaux de banquettes pour assurer l’écoulement de l’eau mais aussi la circulation de la faune (loutre, fouine, blaireau, putois, petits rongeurs…). Cette circulation est à double enjeux, de sécurité routière et de préservation des espèces pour qu’elles ne se fassent pas percuter sur la route.
Au niveau du contournement, un second ouvrage hydraulique, une mare et une frayère ont été créés. Des gîtes à chauves-souris ont été installés.
Pour protéger le ruisseau de Cossé-le-Vivien, un système d’assainissement provisoire permettant de retenir les matières en suspension a été mis en place avec 10 bassins d’assainissement routier à chaque point bas. »
Quelles actions mettez-vous en place dans le cadre du suivi des mesures compensatoires environnementales ?
« L’objectif du suivi des mesures compensatoires la première année après la réalisation des travaux est de surveiller comment se comportent la faune et la flore dans ce nouvel environnement.
Pour ce contournement, nous faisons un suivi de la flore et de la faune (papillon, libellules, mammifères, oiseaux) dans les zones humides mais aussi des gîtes artificiels à chauves-souris et des nichoirs à oiseaux.
Près de l’aire de covoiturage, les platanes forment des cavités favorables à la nidification des oiseaux et à la reproduction des chauves-souris. En compensation de l’abattage de 32 platanes, 37 platanes ont été replantés. 11 gîtes artificiels à chauves-souris et 12 nichoirs à oiseaux ont été installés. En été, les chauves-souris viennent s’y reproduire, elles peuvent être jusqu’à 15 à l’intérieur de chaque gîte. Selon nos observations, ils fonctionnent bien. Dans le cadre du suivi, cet hiver avec des agents du Département et une nacelle, nous allons les entretenir. »
La prise en compte de l’environnement naturel et humain
Les plantations
- 1 100 m de linéaire de haies impactés par le tracé
- 6 800 m de linéaire de haies plantés pour une intégration paysagère
- 7 300 m de linéaires de haies plantés en bosquets
Les nichoirs et cavités
11 gîtes artificiels pour les chauves-souris et 12 nichoirs pour les oiseaux ont été installés dans des zones favorables.
Premier bilan réalisé début 2023 :
- 17 des 23 gîtes et nichoirs ont été fréquentés
- Présence de 2 colonies de chauves-souris dans les gîtes installés dans les platanes et au moins 5 nidifications
Les zones humides
- 3 200 m² de frayère à brochets créés avec connexion au ruisseau de Cossé
- 3 800 m² de zones humides renaturés
- 3 km de haies bocagères plantés
- 1 banquette mise en œuvre au niveau des 2 ouvrages hydrauliques pour le passage de la petite faune
- Un suivi de la faune et des habitats humides pendant une durée de 10 ans.
Les bassins routiers
10 bassins d’assainissement ont été créés le long du contournement. Ils permettent de confiner une éventuelle pollution accidentelle et de réguler les eaux de pluie avant rejet dans le milieu naturel.
Ces bassins offrent très souvent des habitats pour de nombreuses espèces liées aux milieux aquatiques (amphibiens, libellules, plantes).
Les voies douces
- 6 km de voies douces de 3 m de large permettent la circulation sécurisée des vélos et piétons
- 2 passages inférieurs cyclo-piétons réalisés pour la traversée du contournement
Les compensations acoustiques
Mise en place d’un écran et de merlons végétalisés en protections acoustiques.
L’aménagement foncier
2300 Ha d’emprises étudiées pour les exploitants concernés
L’archéologie
Fouilles sur 7 Ha (vestiges gallo-romain)
Qualité de l’air améliorée
Centre-ville de Cossé-le-Vivien pacifié
Bilan de l’opération en quelques chiffres
Le coût du projet global, comprenant le contournement ouest de Cossé-le-Vivien et le barreau nord-est, s’élève à 25,6 millions d’euros.
- Le Département de la Mayenne - 48%
- Préfecture de la Mayenne - 2%
- Région Pays de la Loire - 33%
- Pays de Craon - 17%
Le coût environnemental est estimé à 770 000 € comprenant les aménagements paysagers, les mesures compensatoires et les protections acoustiques.
4 360 véhicules par jour enregistrés dont 12% de poids lourds : l’objectif de report de trafic est atteint.
Et techniquement
- 250 000 m3 de terrassements
- 40 000 m3 de couche de forme traitée 2 000 m de canalisations
- 70 000 T d’enrobés 250 m3 de béton et 65 T d’acier pour les ouvrages d’art
- 4,2 km de voies principales
- 1,8 km de créneau de dépassement
- 6 km de voies rétablies
- 3 ouvrages d’art
- 2 ouvrages piétons,
- 2 ouvrages hydrauliques avec passage de la petite faune
- 5 giratoires