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Prince Albert II de Monaco « On n’oublie pas les territoires auxquels nous avons été liés »

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Son altesse sérénissime (S.A.S.), le Prince Albert II de Monaco est en visite en Mayenne les 5 et 6 mai prochains. Il s’agira de la première venue dans notre département du prince, qui est également duc de Mayenne à la suite du mariage en juillet 1777 de son ascendant, le duc de Valentinois (le futur prince Honoré IV) et de Louise d’Aumont Mazarin, duchesse de Mayenne. 

Retour en images de la venue de S.A.S. Le Prince Albert II de Monaco en Mayenne

 

« La Mayenne évoque pour moi le bien vivre d’une ruralité dynamique. Une tradition agricole et agroalimentaire forte, et qui occupe encore fortement la population, avec de belles entreprises, de belles réussites. »

Pouvez-vous nous rappeler l’objet de votre visite à Mayenne et dans notre département ? À quand remontent les premiers contacts pour l’organisation de votre venue ?

D’abord dans les années 1990 et à l’occasion du 700e anniversaire de la dynastie Grimaldi, puis depuis une bonne dizaine d’années maintenant, je me rends régulièrement dans des territoires historiquement liés à ma famille et à la Principauté. Il n’y a aucune nostalgie du passé. Mais le terreau commun que l’histoire a constitué, et qui existe encore, perceptible notamment dans le patrimoine et la mémoire collective, peut permettre de faire naître de nouvelles collaborations, de promouvoir et d’attirer l’attention, d’être réciproquement utile. Je crois qu’au moins un de mes collaborateurs est en relation avec le département et la ville de Mayenne depuis déjà quelques années. Il fallait trouver le bon moment, pour que des synergies voient le jour, que ma visite soit attendue par l’ensemble des collectivités concernées, et qu’une coopération entre les Archives départementales de la Mayenne et les Archives du Palais soit engagée, de façon à éclairer historiquement les raisons de ce déplacement.

Vous êtes duc de Mayenne. Ce titre historique et honorifique vous incite-t-il à avoir un œil plus attentif sur l’actualité de la ville et de sa population, et plus largement sur notre territoire ?

Absolument, il n’y a aucun esprit réactionnaire dans le souhait de continuer à faire figurer ce beau titre dans ma titulature officielle. Il y a, au contraire, l’idée de valoriser tous ces territoires dont mes ancêtres ont pu avoir la responsabilité à une époque, de montrer une forme d’attention particulière à la vie des collectivités actuelles et de leur population.

Plus d’une centaine de communes en France, dont Mayenne, et en Italie partagent une histoire commune avec la famille Grimaldi. Quelle est la mission de l’association des Sites historiques Grimaldi de Monaco ?

Il y a bientôt dix ans, le député-maire de Menton (Alpes-Maritimes) de l’époque, en tant que président du groupe d’amitié France-Monaco à l’Assemblée nationale française, avait pris l’initiative de proposer aux collectivités locales concernées, françaises et italiennes, de créer ce réseau. Il y avait l’idée de prolonger les liens, et d’en créer de nouveaux, transversaux, entre des collectivités ayant en partage un morceau d’histoire. Avec la croissance des adhésions, une association proprement italienne a été créée, et une fédération de droit monégasque, pour coordonner l’ensemble, et organiser à Monaco les fameuses rencontres des Sites historiques Grimaldi, un rendez-vous de l’amitié, où le meilleur de la culture et de la gastronomie de ces régions est exposé.

« La Mayenne et le département seront invités, probablement en 2026, pour la 7e rencontre des Sites historiques Grimaldi, sur la place du Palais, un week-end du mois de juin »

Y aura-t-il une suite à ce voyage ?

Le but est justement qu’il y ait des suites, que la chaîne du temps soit renouée pour le présent et le futur. La ville et le département de la Mayenne seront invités, probablement en 2026, pour la 7e rencontre des Sites historiques Grimaldi, sur la place du Palais, un week-end du mois de juin. C’est une réunion festive qui fait un peu figure – toutes proportions gardées – de Salon de l’agriculture, mais pas seulement. Les collectivités tour à tour invitées présentent leurs spécialités et des spectacles vivants. Le samedi soir, une grande fresque de son et lumière est projetée sur la façade du Palais.

La Principauté et la Croix-Rouge monégasque ont été généreuses avec des associations mayennaises (Croix-Rouge de Mayenne, Rotary Club de Mayenne). Pourquoi êtes-vous sensibles à ces demandes de dons ?

C’est une façon de montrer que ma famille, la Principauté, moi-même n’oublions pas les territoires auxquels nous avons été liés. Un devoir de suite en quelque sorte. Quand je peux aider ponctuellement, soit dans les domaines d’intervention réguliers de la Principauté, soit dans le domaine du patrimoine datant de l’époque de mes ancêtres, je le fais bien volontiers.

Vous aimez aller au contact des gens. Une déambulation dans les rues de Mayenne est prévue. C’est un exercice que vous appréciez ?

J’aime montrer à la population qui est venue à ma rencontre que j’essaie de prendre le temps de l’écouter, dans la mesure du possible. C’est une question de respect, tout simplement, même si je ne peux évidemment pas, malheureusement, répondre à toutes les sollicitations.

Vous allez remettre un prix lors Concours international de piano de Mayenne. Quel genre de mélomane êtes-vous ?

La programmation exigeante de la Principauté dans le domaine de la musique classique m’a amené à être initié précocement, à l’occasion de sorties avec mes parents. J’assiste encore aujourd’hui avec plaisir à de nombreux concerts tout au long de l’année, des concerts philharmoniques dans la cour  d’honneur du Palais chaque été, mais aussi de musique de chambre dans le cadre du festival Printemps des arts, dont s’occupe ma sœur la princesse Caroline, par exemple. 

Spontanément, que vous évoque le département de la Mayenne ?

La Mayenne évoque pour moi le bien vivre d’une ruralité dynamique. Une tradition agricole et agroalimentaire forte, et qui occupe encore fortement la population, avec de belles entreprises, de belles réussites. Mais aussi une petite industrie spécialisée. Et je n’oublie pas l’équipe de football de Laval, qui a été de nombreuses fois l’adversaire de l’équipe de l’A.S. Monaco F.C.

Êtes- vous déjà venu en Mayenne pour une raison plus personnelle ? Y avez-vous des connaissances, des amis ?

Je n’ai pas encore eu l’opportunité de me rendre en Mayenne mais je suis sûr de connaître des Mayennaises et Mayennais sans savoir qu’ils sont de ce département.

Vous êtes un ardent défenseur de la cause environnementale avec notamment votre fondation. Que vous inspire l’ambition de la Mayenne de devenir le premier département de France bas carbone d’ici à 2040 ?

Je ne peux que féliciter le Conseil départemental de la Mayenne de s’être fixé cet objectif ambitieux et nécessaire. En 2015, dans le cadre de la 21e Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques, la Principauté a elle-même annoncé un objectif intermédiaire de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50 %, révisé depuis à 55 %, à l’horizon 2030, par rapport à 1990, et la neutralité carbone en 2050.

En avril 2025, vous célébrerez votre vingtième année de règne. Si vous aviez un mot (ou une formule) pour le résumer, quel serait-il et pourquoi ?

Dans les monarchies en général, et à Monaco en particulier, on attend plutôt le 25e anniversaire de règne, donc 2030 en ce qui me concerne, pour des célébrations particulières. Mon trisaïeul, mon arrière-grand-père et mon père ont ainsi fêté, avec les Monégasques et toute la population résidente de la Principauté, leur demi-jubilé. Mais cela n’empêche pas de marquer déjà le 20e anniversaire. L’engagement caractérise mon action : impulser des projets, de nouvelles idées, partager ma vision de l’avenir avec d’autres, continuer à œuvrer pour la paix dans le monde ; à titre d’exemple, je suis heureux et fier  d’avoir apporté ma contribution pour la préservation des océans et de la biodiversité.

L'écrivain Colette disait de Monaco que ses frontières n’étaient « que fleurs » ! Que vous-inspire cette image ?

Colette était une très belle figure française du début du XXe siècle, avant-gardiste, très amie de mon grand-père le prince Pierre. Elle s’était prise d’affection pour mon père, le prince Rainier III, au début de son règne. Quant à la métaphore, elle rappelle que Monaco est, par vocation et par tradition, un pays pacifiste. Dans le moment de tension générale dans lequel nous vivons, j’aimerais que la Principauté demeure un vrai modèle social, et qu’elle puisse éventuellement jouer un rôle, à sa place, qui est forcément modeste, dans le rétablissement d’un certain ordre international. Mon père avait l’habitude de dire qu’il n’est pas nécessaire d’être nombreux pour entreprendre de grandes choses. Nous sommes le piccolo dans le concert des nations, mais le piccolo peut se faire entendre dans l’orchestre.

Vous êtes membre du CIO et avez participé à plusieurs JO d’hiver. Comment allez- vous vivre les Jeux olympiques et paralympiques de Paris ?

Nous allons encourager les athlètes de la Principauté avec mon épouse, la princesse Charlène, et nos enfants. L’histoire de ma famille est évidemment liée aux Jeux olympiques. Ce centenaire des Jeux de Paris, 1924–2024, marque aussi un anniversaire familial : c’est là que mon grand-père John B. Kelly a remporté sa troisième et dernière médaille d’or en aviron avec son cousin Paul Costello. Je me suis d’ailleurs inscrit pour remettre les médailles de la même épreuve d’aviron et je pense que d’autres membres de la famille Kelly seront dans les tribunes.

Vous qui êtes un grand amateur de sport, connaissez-vous des champions mayennais ?

Je sais que la Mayenne est une terre de cyclisme avec de grands champions tels que Marc Madiot, Jacky Durand ou encore François Pervis. J’ai également assisté à des concours de la lanceuse de marteau du Stade lavallois Manuela Montebrun.

Un copieux programme

Pour sa toute première visite en Mayenne, un copieux programme attend S.A.S. le prince Albert II de Monaco. Le dimanche, à Mayenne, il dévoilera une plaque scellant l’adhésion de la ville à l’association des Sites historiques des Grimaldi. Après une déambulation en ville et une visite du château de Mayenne, le souverain sera l’invité d’honneur du concours international de piano au cours duquel il remettra un prix. Le lendemain, visites d’entreprises, des Archives départementales et une réception à l’hôtel du Département, par le président Olivier Richefou, rythmeront la journée.

Type éditorial