Un jour, l’Homme posera le pied sur Mars. Quand ?
Pour le Mayennais Romain Charles, ce jour historique aura une résonnance particulière.
Retour en 2009. Romain Charles, alors ingénieur qualité dans le secteur automobile, s’est mis en tête de dénicher un poste identique, mais dans le domaine spatial : « Je n’étais pas malheureux à devoir rendre visite à des clients prestigieux comme Aston Martin ou McLaren, mais l’envie de se rapprocher du spatial était grande. Depuis l’adolescence, la science de l’espace m’intéresse ». Romain épluche les petites annonces sur les
sites spécialisés. L’une d’entre elles retient son attention : « L’Agence spatiale européenne (ESA à Cologne) recherchait des candidats pour participer à un programme expérimental de simulation d’un voyage sur la planète Mars ». Pas question de décoller, mais de s’isoler dans un module à Moscou, durant une période de 520 jours, correspondant à un aller-retour vers Mars : « Cette expérimentation visait à s’assurer des capacités physiques et mentales d’êtres humains à résister aux conditions de confinement d’un voyage vers la planète rouge ». Le Mayennais postule comme on lance une bouteille à la mer, tout en se disant qu’une expérience comme celle-ci contribuerait à des premiers contacts. Lui qui pensait ne pas être rappelé franchit avec brio les écrémages successifs ou sa psychologie et son physique sont mis à rude épreuve.
Le 3 juin 2010, Romain Charles et ses cinq compagnons pour ce voyage immobile pénètrent dans le module de la mission Mars 500. La porte se referme. « Un collègue, ancien sous-marinier, m’avait dit d’avoir toujours plein de projets pour m’occuper l’esprit et les mains. Et chaque soir, je me disais : mince, je n’ai pas eu le temps de faire ça ! » Le 4 novembre 2011 signe son « retour » sur Terre.
J’ai réalisé mon rêve
Depuis, sa vie a changé : « Depuis cinq ans, je suis ingénieur support des astronautes européens à l’ESA. Mon rôle est de leur faciliter la vie quotidienne, pour qu’ils puissent se concentrer sur leur métier. J’évolue en permanence sur une ligne ténue entre leurs vies professionnelle et privée ». Cette superintendance connaît un moment inoubliable le 2 juin 2017, lorsque Romain participe à l’accueil de l’astronaute Thomas Pesquet, tout juste sorti de sa capsule échouée dans les plaines du Kazakhstan : « Je l’ai littéralement porté avant de l’accompagner jusqu’à Cologne pour une batterie d’examens. Un moment inoubliable ! ». Au quotidien, les deux hommes sont voisins de bureau : « Je le côtoie quand il est là, mais son agenda est chargé ». Lui succéder ? « Lors de la sélection Mars 500, j’ai demandé si une possibilité d’intégrer le corps des astronautes à l’issue de la mission était envisageable : la réponse fut non. Pour devenir astronaute, il existe une sélection particulière et l’âge conseillé oscille entre 27 et 37 ans. Pour autant, ça ne m’empêchera pas de postuler ! », lance le Mayennais. Les bouteilles à la mer ont parfois le parfum du large.
Né à Laval en 1979, Romain Charles est diplômé de l’Institut français de mécanique avancée, une école d’ingénieur située à Clermont-Ferrand.
Son expérience professionnelle a débuté chez Mann+Hummel à Laval, puis s’est poursuivie à Saint-Méloir-des-Ondes (35) comme ingénieur
qualité chez Sotira.